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GRATALOUP - UNE REMONTÉE AUX ORIGINES

2016 - Lydia Harambourg (historienne et critique d'art)

Pour Grataloup, l'acte pictural est proche du sacré. Il tente de conjurer, d'apprivoiser l'énergie primitive par les formes et la couleur. Il interroge les matières du cosmos, la terre, la pierre, le métal, le bois, le sable dans lesquels souffle l'esprit. Dans ce dialogue constant qu'il entretient avec la nature, il fait appel à la mémoire. Si son univers est nourri de visions, de souvenirs, d'une nostalgie édénique comme l'héritage des temps adamiques et d'un paradis perdu, ses mystères sont d'un ordre symbolique.


Pour une interrogation mystique, il recourt à une alchimie des matières au service d'une thématique cosmique, reflet de la matrice originelle. Il tente de dérober au minéral et au végétal leur complexe et mystérieuse texture en multipliant les frottages, incorporant des découpages qu'il mêle à des fragments de feuilles de métal et d'or collées, à des pochoirs associés à l'acrylique et au pastel à l'huile. L'artiste revendique l'héritage médiéval du travail artisanal. Il en maîtrise les techniques, de la miniature à la ciselure, en préparant son support recouvert de couches successives de peinture, polies, reprises jusqu'à la simulation d'une peau quasi charnelle. Organique, sa peinture est un champ labouré, écume, strates rocheuses ou plaines alluviales. La surface picturale est alternativement microcosme et macrocosme du sol terrestre comme du firmament, animée de légers reliefs irréguliers en réponse aux forces occultes des matières exploitées. Leur épaisseur a une dimension symbolique.


ASPIRATION VERS L'INFINI

La splendeur des noirs, des ors et des bleus céruléens, des rouges de cadmium, des verts et des jaunes, dispense une saveur sensuelle. Dans ses ensembles somptueux, la couleur pure flamboie. Dans l'articulation des plans et des ouvertures spatiales, elle intervient comme élément dispensateur d'une perspective suggérée. L'illimité aspire notre regard jusqu'à rendre imperceptible l'illusoire figuration qui, dans un simulacre d'abstraction, rend visible cet entre-deux impalpable. Entre le vide et la matière, la lumière rayonne.


Ses transmutations sont de l'ordre du sacré, comme le sont la nature et l'homme. Parvenu à l'équilibre entre le visible et l'invisible, entre la substance et le vide, l'esprit émerge. La matière s'accorde au rêve de l'esprit. L'homme et l'univers sont réconciliés dans un infini poétique et spirituel.




Paris mars 2016 - Lydia Harambourg (historienne de l'art)

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