Les Mystères de Guy-Rachel Grataloup sont pluriels. D'ordre symboliste, ils recourent à une alchimie des matières mises au service d'une thématique cosmique. Si notre approche est facilitée par la simplification de la lecture, elle se double d'une analyse qui ne cherche pas moins à comprendre le sens qu'à interpréter ces scènes ésotériques.
Car l'univers de Grataloup est nourri de visions objectives, de souvenirs (Je me souviens de Giverny), d'une nostalgie édénique, et celle du rêve d'un paradis perdu. Ses séries nous valent des ensembles somptueux, où le sable, l'acrylique, le métal, or ou argent, s'allient en faisant flamboyer la couleur, détentrice d'une beauté intemporelle. Les mondes de Grataloup sont ceux de l'infini. Voûte céleste, océan, continents sont délimités par des lignes infranchissables qui libèrent des espaces dans lesquels l'homme, et la femme, réduits à de petits personnages, sont de purs "esprits".
Grataloup revendique l'héritage médiéval du travail artisanal. Il en maîtrise les techniques, de la miniature à la ciselure, en préparant son support, en appliquant les couches successives de peintures, polies, reprises jusqu'à la saisie charnelle qui submerge toute la surface animée de rides, de boursouflures, de légers reliefs irréguliers, réponses aux forces occultes des matières. Ces transmutations sont de l'ordre du sacré, comme le sont la nature et l'homme. Parvenu à l'équilibre entre le visible et l'invisible, entre la substance et le vide, l'esprit émerge. L'homme et l'univers sont réconciliés dans un infini, poétique et spirituel.
Lydia Harambourg (historienne de l'art)
LA GAZETTE DE L'HÔTEL DROUOT - 10 AVRIL 2009 -
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